Améliorer la communication entre soignants et médecins en EHPAD : quelles pratiques adopter ?

Les enjeux d’une communication fluide entre soignants et médecins

Le quotidien en EHPAD est marqué par une grande complexité organisationnelle : gestion des pathologies chroniques, suivi des urgences médicales, interventions extérieures (spécialistes ou hôpital), attentes des familles, et bien sûr, collaboration interprofessionnelle. Dans ce contexte, tout dysfonctionnement dans la communication peut avoir des conséquences lourdes : retard dans un protocole, mauvaise information transmise aux familles, voire une dégradation de la qualité des soins.

Selon un rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS), environ 80 % des erreurs dans le parcours de soin sont liées à des problèmes de communication. Dans un EHPAD, ce constat prend un poids particulier, car ces établissements accueillent des résidents souvent en situation de vulnérabilité élevée.

Pourtant, les enjeux dépassent la simple transmission d’information. Une communication fluide contribue également à créer un climat de confiance entre soignants et médecins. Elle permet de réduire les tensions ou incompréhensions et favorise une atmosphère de travail plus sereine. Alors, quelles bonnes pratiques mettre en place pour améliorer cette dynamique ?

1. Favoriser les échanges réguliers grâce à des outils adaptés

Un des premiers leviers d’une communication améliorée est la mise en place d’outils et de processus clairs pour structurer les échanges.

Mise en place de réunions pluridisciplinaires

Les réunions pluridisciplinaires (RPM), réunissant médecins, infirmiers, aides-soignants et parfois psychologues ou référents sociaux, sont une clé essentielle. Ces réunions permettent de :

  • Faire le point sur les situations complexes ou l’évolution clinique de certains résidents.
  • Clarifier les objectifs de soins ou ajuster les projets personnalisés d’accompagnement (PPA).
  • Harmoniser les pratiques entre les différents intervenants.

Pour être efficaces, elles doivent être planifiées dans un créneau où chacun peut s’impliquer pleinement (sans être interrompu). Enfin, un compte-rendu systématique doit être diffusé pour assurer une traçabilité des décisions.

Utiliser des outils numériques de gestion du soin

Les logiciels de gestion des soins, désormais courants en EHPAD, facilitent également la transmission d’informations. Ils offrent des espaces pour partager les consignes, centraliser les dossiers médicaux et assurer un meilleur suivi des résidents. En veillant à renseigner correctement ces outils, chaque professionnel peut consulter des informations actualisées sans perte de temps.

Quelques exemples de solutions souvent utilisées incluent Titan, Osiris ou NetSoins. Bien paramétrés, ils encouragent une communication claire et organisée.

2. Cultiver une culture de l’écoute et du respect mutuel

La communication ne se résume pas à des outils ou à des protocoles. Les équipes doivent également s’appuyer sur une attitude bienveillante et un respect mutuel.

Reconnaître l’expertise de chacun

En EHPAD, chaque professionnel détient une partie des clés nécessaires à une prise en charge globale. Les aides-soignants, par leur proximité quotidienne avec les résidents, sont souvent les meilleurs observateurs de changements subtils dans leur état. Les infirmiers coordonnent les soins avec une vision d’ensemble. Quant aux médecins, ils apportent une expertise médicale indispensable pour les décisions stratégiques. Adopter une posture de collaboration, plutôt qu'une hiérarchisation stricte des rôles, est essentiel pour travailler avec efficience.

Pratiquer une écoute active

Face aux urgences du quotidien, il est facile de répondre de manière automatique aux sollicitations. Pourtant, des incompréhensions naissent souvent d’une communication de surface. Pratiquer l’écoute active – prendre le temps de reformuler, poser des questions ouvertes, et s’assurer que le message est bien compris – peut prévenir bien des malentendus.

3. Uniformiser la transmission des informations

Une autre source fréquente de difficulté réside dans la manière dont les informations sont transmises. Les consignes médicales, les observations cliniques des soignants ou les évolutions de l’état des résidents doivent être rapportées de façon claire et précise.

Adopter un langage commun

Certains termes médicaux ou abréviations peuvent prêter à confusion. En favorisant un langage commun accessible à tous, notamment au moment des transmissions orales ou écrites, on limite le risque d’erreurs d’interprétation. Un glossaire interne partagé à l’équipe peut être une option intéressante, surtout dans les établissements où interviennent régulièrement des remplaçants ou de nouveaux soignants.

Standardiser les transmissions

La méthode SBAR (Situation, Background, Assessment, Recommendation), outil issu des pratiques hospitalières, est particulièrement utile pour structurer les informations transmises entre professionnels. Elle permet de :

  • Récapituler la situation actuelle du résident (S).
  • Donner des éléments de contexte (B).
  • Analyser les observations recueillies (A).
  • Proposer une recommandation concrète ou une question claire pour le médecin (R).

Testée dans de nombreux environnements médicaux, cette méthode renforce la précision et la qualité des échanges.

4. Investir dans des actions de formation continue

Une communication optimale s’apprend aussi avec le temps et les outils. La formation continue, prévue dans le plan de développement des compétences des EHPAD, peut inclure :

  • Des séances sur la gestion de conflits ou l’assertivité.
  • Des formations spécifiques à l’écriture claire des transmissions écrites.
  • Des moments d’intervision pour réfléchir collectivement aux difficultés rencontrées.

En investissant dans ces moments de professionnalisation, les établissements outillent leurs équipes pour mieux gérer les enjeux quotidiens.

Changer la dynamique pour mieux soigner

La quête d’une communication fluide entre soignants et médecins en EHPAD ne représente pas une injonction supplémentaire ; elle est un levier fondamental pour offrir des soins de meilleure qualité aux résidents. À travers des outils adaptés, des pratiques partagées et des comportements d’écoute respectueuse, chacun peut contribuer à simplifier les flux d’informations et à travailler dans une atmosphère de confiance.

Le chemin est encore long pour harmoniser pleinement ces échanges, mais chaque pas, même modeste, compte. Car en gériatrie plus qu’ailleurs, la qualité des soins réside avant tout dans les détails.

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